À SAINT-ANDRÉ, LE PRÉSIDENT A MANQUÉ L’ESSENTIEL !
« Quel message l’Élysée veut-il envoyer au peuple réunionnais ? »
Ce mardi 22 avril, j’ai appris par la presse que le Président Emmanuel Macron, en déplacement à La Réunion, s’était rendu à Saint-André. Non pas pour rencontrer les familles sinistrées par le cyclone Garance. Non plus pour échanger avec les associations mobilisées ou les services municipaux qui, depuis des semaines, se battent pour reconstruire. Mais pour rendre visite à un ancien élu, condamné par la justice et déchu de toute responsabilité publique. Une démarche politique qui s’écarte totalement du cadre républicain.
Ce choix n’est pas anodin. Il est lourd de sens. Et, à l’heure où nos concitoyens attendent des actes forts, de la solidarité, de la transparence, il envoie un signal profondément déroutant.
À Saint-André, commune parmi les plus touchées par le cyclone, des centaines de familles vivent encore dans la précarité. Les urgences sociales sont partout. Nos équipes sont mobilisées sans relâche. Et pourtant, la visite présidentielle s’est tenue à huis clos, loin du terrain, loin de la réalité, loin des élus en responsabilité.
Ce geste interroge. Quelle est la priorité du chef de l’État ? Préparer les échéances politiques de demain avec ceux d’hier, ou construire l’avenir avec celles et ceux qui agissent aujourd’hui, dans la légitimité démocratique que leur a confiée le peuple ?
Je suis entré en politique en 1998 avec une conviction : nous devons être exemplaires. En tant que Maire depuis 2020, je m’efforce chaque jour de faire vivre cette exigence. Alors comment ne pas s’étonner que le Président de la République rende hommage à un homme condamné pour prise illégale d’intérêts, inéligible pour dix ans, et sanctionné d’une amende de plus de 50 000 euros ? Est-ce ainsi que l’on restaure la confiance dans les institutions ? Est-ce cela, l’exemplarité républicaine ?
Alors que La Réunion cumule crise économique, sociale et sanitaire, les Réunionnais vivent dans l’indifférence d’un État qui semble les oublier. Ce silence, face à tant de détresse, sonne comme un manque de respect.
Pendant que l’attention se porte sur des affaires du passé, notre jeunesse attend des réponses. À Saint-André, nous avons hérité d’une situation lourde : un territoire fragilisé, un chômage endémique, des perspectives en berne. Mais depuis 2020, notre municipalité se bat, sans relâche, pour redonner à notre ville un cap de développement et d’espoir. Ce dont nous avons besoin, ce ne sont pas de symboles du passé, mais d’engagements concrets : des investissements dans nos zones d’activités, nos infrastructures, notre formation. Nous méritons mieux que l’oubli.
Et je le redis : ce n’est pas à un ancien élu que l’on devrait s’adresser pour penser l’avenir de La Réunion. Ce sont les exécutifs en place, les élus légitimes, ceux qui portent aujourd’hui les espoirs et les besoins des Réunionnais, qui doivent être associés aux décisions d’envergure. À moins que le mépris des territoires d’outre-mer ne soit plus fort que la République elle-même ?
Je suis Maire de la Ville de Saint-André, et je continuerai à porter la voix de celles et ceux qui, trop longtemps, ont été ignorés. Avec des convictions claires : justice, égalité, respect. Et une exigence inébranlable : que la République tienne parole.
Joé Bedier
Maire de Saint-André