À la découverte de la Ville
La Maison Martin Valliamée
Paul Eugène Martin, alors maire de Saint-André, fait l’acquisition de cette maison en 1862. Ses descendants vont la restaurer et agrandir les dépendances, écuries et chenils. En 1958, elle est vendue à la famille Valliamée, d’origine indienne. En 1982, elle devient la propriété de la ville. Cette imposante construction, toute en bois sur trois niveaux au milieu d’un grand jardin luxuriant, son architecture particulière aux influences diverses, intrigue le visiteur. Cette maison abrite aujourd’hui les bureaux de l’office du tourisme. Fermez les yeux et laissez votre imagination vous transporter…
Monument funéraire Nicole Robinet de la Serve
Phénomène rare dans l’architecture funéraire, cette stèle déroule un livre ouvert dédié à Nicole Robinet de la Serve (1791-1842). Une balade autour du monument central dévoile au regard attentif trois messages commémoratifs gravés dans la pierre taillée, dont la citation latine « Multa fecit tulitque » qui signifie « L’Homme a plusieurs facettes qu’il sait révéler ». Politicien avant-gardiste, Robinet de la Serve défend avec conviction l’abolition de l’esclavage, mais surtout l’égalité de vote entre Blancs et Libres Noirs. A ce titre, c’est LE défenseur du métis. Avec l’aide de son journal clandestin Le Salazien, il obtient en effet des autorités la création du Conseil Colonial élu, qui préfigure l’actuel Conseil Départemental. Les Réunionnais rendent aussi hommage au fondateur de l’Association des Francs-Créoles, qui militent en faveur de l’autonomie de l’île et de la responsabilisation du Réunionnais. Avant de s’exiler à Salazie, Robinet de la Serve laisse en héritage à Saint-André la sucrerie du Colosse qui devient à la fin du XIXème siècle, féculerie.
Salle Jeanne d’Arc
La Seconde Guerre Mondiale est le temps de l’isolement de l’île et de l’aggravement de la misère. L’Eglise catholique sort de la grisaille ambiante en poursuivant sa politique de construction de bâtiments cultuels. La Salle Jeanne d’Arc est édifiée dans ce contexte, sous l’impulsion du père Bonberger, futur bâtisseur de la célèbre façade de l’église de Sainte-Anne. La bâtisse arbore un design original et se distingue avec un travail de la pierre remarquable, et l’usage d’un mortier employé dans toutes les grandes constructions de cette époque (telle que l’école Joinville). Sa toiture originelle en bardeaux est arrachée durant le cyclone de janvier 1948. Le bâtiment se destine à devenir le théâtre de l’ensemble des œuvres paroissiales et du catéchisme jusque dans les années 1970. La rénovation de l’église en 1960, suivie deux ans plus tard du passage du cyclone dévastateur Jenny, lui donnent un nouvel élan. Les fidèles, contraints de migrer dans le seul espace pouvant les accueillir, se pressent en effet dans la salle pour assister aux messes de la paroisse.
La Venelle des Amoureux
La venelle Jean Lecolier rend hommage à un propriétaire terrien de Saint-André. Mais les habitants la rebaptisent Venelle des amoureux, car elle protège les rendez-vous galants des regards indiscrets. Cette allée a été construite sur le petit bras de la Ravine Sèche qui est un marécage infesté de moustiques et bordé d’une végétation typique comme les songes. Jugé trop insalubre, le cours d’eau est enseveli et recouvert définitivement dans les années 1970, sous l’impulsion du docteur Dubard, ancien maire de Saint-André. Quand la ravine est endiguée, il s’assèche peu à peu.
Le domaine High Hall
Cette demeure bourgeoise typique des cœurs de ville historiques de l’île séduit l’amoureux des atmosphères fraîches, discrètes et pittoresques. Perchée au sommet de l’ancien chemin des veuves, rebaptisée rue du 24 septembre, depuis les émeutes électorales de 1967, elle est bâtie par Louis de Millon des Marquets, esclavagiste notoire, qui fait l’acquisition du terrain en 1903. Ce troisième propriétaire après l’Eglise et la commune en 1873 cherche à se distinguer en façonnant une propriété originale, qui tire avantageusement parti de la pente naturelle du terrain. Il implante la maison dans la partie supérieure en bordure de parcelle, et non au centre de la propriété, s’éloignant ainsi des canons habituels. De même, la bâtisse, visible derrière un mur d’enceinte en basalte magnifiquement ouvragé, ne respecte pas la symétrie traditionnelle, et surplombe un vaste jardin organisé en cinq terrasses. Les plantes d’ornement qui composent le jardin d’agrément sur la terrasse haute, s’inclinent devant les arbres fruitiers disposés judicieusement en contrebas, dans le jardin utilitaire. Au gré des besoins et de la volonté des propriétaires successifs, le domaine s’enrichit de nouvelles dépendances : cuisine, garage, atelier.
Le Vieux Marché
Jusqu’à la fin des années 1960, le marché de Saint-André se transforme chaque semaine en scène ouverte aux couleurs chamarrées, haut lieu de rencontres éphémères et de bavardages animés. La halle couverte, fièrement plantée aux pieds de l’église, est caractéristique de l’architecture novatrice de la fin du 19ème siècle, qui magnifie le métal, devenu matériau par excellence. Selon un mode de construction bien rôdé et sans aucune soudure, les ouvriers de l’époque façonnent des charpentes en fer forgé et riveté, encore visibles sur le marché Saint-André, mais aussi sur le marché de Saint-Pierre, le Grand Marché de Saint-Denis, le prestigieux Pavillon Baltard et même la célèbre Tour Eiffel à Paris. Cette construction métallique importée est d’abord entreprise pour accueillir les offices religieux dominicaux pendant la réfection de l’église déjà très endommagée. Mais, faute de moyens financiers, ce projet reste à l’état de vœu pieux. L’édifice sert immédiatement de marché.
L’Ecole des Frères
Construite par des esclaves en 1844 sous la direction du père Minot, l’école des frères se classe parmi les plus anciens édifices de Saint-André. Les frères vivent sur place et proposent un enseignement religieux gratuit, ouvert aux enfants esclaves depuis le rappel de l’ordonnance du roi Louis Philippe, puis proposé aussi aux affranchis après l’abolition de l’esclavage. Affluant au centre ville à pied, les écoliers franchissent d’abord une clôture imposante en pierre taillée et fer forgé, puis se rassemblent dans les classes conçues avec plafonds hauts et grandes fenêtres pour résister à la chaleur tropicale. Pendant la récréation, ils jouent dans la cour ornée d’un immense banian, ou bavardent sous le large préau qui longe la bâtisse. Au fond de la cour, un petit escalier bétonné permet un accès rapide et discret à l’église. Dès que la loi sur la laïcisation des écoles est promulguée en 1884, les frères laissent progressivement la place aux enseignants laïcs, et leur habitation devient le logement de fonction du directeur.
La Cheminée du Colosse et l’Arche de la Féculerie
Une petite cheminée face la mer témoigne de l’existence de l’établissement sucrier du Colosse, qui a légué son nom au quartier. L’usine, créée en 1827, est ainsi désignée en raison de sa taille imposante et ses multiples cheminées. Nicole Robinet de la Serve, en association avec Xavier Bellier Montrose et Marie-Marguerite Pignolet, propose aux propriétaires agricoles de mutualiser l’exploitation de leur production de canne à sucre dans une immense usine centrale, dite usine sans terres. Le principe est avant-gardiste, puisque l’intégration à L’Europe impose aujourd’hui la concentration des activités sucrières dans deux usines -dont celle de Bois Rouge à Saint-André. Cependant à l’époque, les canniers n’adhèrent pas au projet et poussent Robinet de la Serve à la ruine. L’usine connaît plusieurs propriétaires, puis en 1882 se transforme en féculerie de manioc ayant pour unique vestige une arche dressée vers le ciel. L’île cherche alors à atteindre l’autonomie alimentaire, en produisant du pain de manioc, du tapioca, de l’arrow-root, et de l’alimentation pour bétail. C’est l’âge d’or de l’activité féculière, qui atteint son apogée pendant la Seconde Guerre Mondiale à cause des pénuries de riz. Le retour de l’importation du riz sonne le glas de la féculerie qui laisse alors place à un abattoir.
L’Arche de Belzor
Pour ravitailler la métropole avant la Révolution Industrielle, l’acheminement des produits agricoles vers le premier port au Barachois de Saint-Denis se fait soit par cabotage depuis la marine de Bois Rouge, ou celle du Champ Borne. La traversée de l’embouchure de la Rivière du Mât par les charrois est alors particulièrement périlleuse. A la fin du XIXème siècle, l’île se dote d’un chemin de fer, jugé plus rapide et plus sûr, avec son ballet incessant de wagons de marchandises en direction du nouveau Port de la Possession. Pour faciliter l’écoulement de la production du Beau-Pays, un pont suspendu construit dans le passage le plus étroit de la rivière du Mât, relie la ville de Saint-André et sa voisine Bras Panon. De cet ouvrage, bel exemple de la maîtrise du fer dans l’île, il ne reste que l’arche en pierres taillées sous laquelle circulent à l’époque calèches, carrioles et piétons portant chapeaux, capelines ou ombrelles.
La cheminée de Ravine Creuse
L’usine de Ravine-Creuse est dans les années 1910-1920 un des fleurons des sucreries du Crédit Foncier Colonial. L’implantation de l’usine a été choisie par rapport au canal qui permet à l’usine de refroidir ses machines et surtout de produire sa propre électricité. L’imposante cheminée, faite de pierres taillées et de moellons sert à évacuer la fumée produite par le générateur. L’usine ferme ses portes au début des années 1970. Pour éviter que le site devienne une friche industrielle, ses bâtiments rénovés accueillent de nouvelles entreprises. Cette cheminée est le témoin vivant du riche passé de ce site.
La Féculerie Pascal
En 1735, Mahé de Labourdonnais devient gouverneur général des deux îles (Maurice et La Réunion) ; il est attentif à la question de l’alimentation des esclaves. Ceux-ci consommant essentiellement du maïs, il introduit le manioc afin de varier leur nourriture pour pallier au manque de vivres après les intempéries. Lorsque l’île ne reçoit presque plus de navires pendant la Guerre de 1939-1945, la question des vivres se pose de manière cruciale. La colonie ayant du mal à exporter son sucre, la production en est réduite ; les champs de canne sont arrachés pour laisser place aux cultures vivrières. Le maïs et le manioc figurent en bonne place car ces deux légumes sauvent l’île de la famine. Les féculeries travaillent alors à plein régime pour fabriquer du tapioca. C’est le cas de la féculerie Pascal.
Église du Champ-Borne
A la veille de l’abolition de l’esclavage, pour faciliter le travail de conversion des futurs affranchis et se rapprocher des fidèles, l’Église catholique mène une politique de construction de chapelles. Celles-ci sont à l’origine des paroisses créées par le premier évêque de Saint-Denis de La Réunion, Monseigneur Florian Desprez, le 13 décembre 1852. Champ-Borne figure parmi les dix premières paroisses qui sont alors instituées. Au début du XXe siècle, ont lieu devant le Champ-Borne les naufrages des navires Le Michel Salistro et La China Dundee. L’église du Champ Borne est maintes fois affectée par les cyclones, notamment en 1913 et en 1948. Mais le 28 février 1962, pendant le cyclone Jenny, une énorme vague arrive sur l’édifice et emporte son toit. Pour éviter de nouveaux désagréments, une nouvelle église est construite à partir de 1964 de l’autre côté de la chaussée.